top of page

La Chronique des Bridgerton : Pénélope

  • Photo du rédacteur: Candice Metzger
    Candice Metzger
  • 20 mai 2024
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 nov. 2024




Très chers lecteurs, 


une nouvelle saison débute et avec elle le souffle délicieux du changement plane sur Londres. Car si Lady Whistledown a la main mise sur les scandales et autres potins qui animent les après-midis mondains, sachez qu’elle n’est certainement pas l’unique plume de talent. Et que je suis plus que disposée à relever le défi. 


Durant ces nouveaux épisodes, si tous les gentlemen portent leur attention sur les nouvelles jeunes filles du monde, et avec elles la possibilité de chanceuses unions, c’est pourtant une autre qui a créé la surprise en attirant les regards. J’ai nommé, chers lecteurs : Miss Pénélope Featherington. 


Après trois années sur le marché du mariage, il semble que la jeune femme se soit enfin décidée à prendre son destin en main et à trouver un époux. Et avec une mère telle que Portia Featherington, votre dévouée chroniqueuse s’accorde à dire que les noces sont le moyen le plus sûr de s’assurer une vie heureuse. Et ce loin, très loin du domaine familial. 


Une femme avec une robe jaune au bal

Il faut dire que jusqu’ici le style assez unique du clan Featherington n’a pas rendu justice à cette pauvre Pénélope. Le ton est donné avec cette famille de nouveaux riches : pour se marier, il faut être remarqué. Nous ne nous rappelons que trop bien cette robe arborant un énorme papillon scintillant lors de la première saison, comme si la couleur ne suffisait déjà pas à éblouir, au point de rendre aveugle. Petit message à l’attention de la matriarche : à trop vouloir être vu, on finit très souvent par attirer bien plus que de l’admiration. 



Car les rires sont faciles et le dédain bien plus encore parmi les gens de la haute société. De telles maladresses ne peuvent malheureusement que creuser l’écart entre cette famille et les autres clans, aux palettes de couleurs plus assagies. Mais peut-être est-ce à dessein ? Les fans de la série ont déjà connaissance des difficultés financières de la famille, dû à la mauvaise gestion de feu Lord Featherington. Au point de ne pouvoir constituer une dot pour leurs filles, freinant ainsi dangereusement les ardeurs de ces messieurs. Peut-être cet étalage de broderies fleuries et des bijoux voyants n’est-il dicté que par le désespoir de masquer leur triste situation. Trop de nœuds et de paillettes, pour espérer détourner les regards d’une vérité bien trop sombre et de coffres bien trop vides ? 


Un embellissement poussé à l’extrême qui n'est malheureusement pas le pire de la garde-robe Featherington : des teintes acidulées de jaune et d’orange présentes sur le moindre bout de tissu, parsemées de touches vertes et roses. Quel dommage que ces couleurs soient utilisées à si mauvais escient. En effet, si le jaune était prisé pour les jeunes filles au temps de la Régence, force est de constater qu’il ne sied guère à tout le monde. Chaque sortie de la famille est accompagnée d’une douloureuse pensée à l’égard de la nature, tant ces teintes criardes donnent à la pauvre Pénélope des allures de giroflée et de citron trop mûr. Mais les temps changent et les esprits également, ce n’est pas Miss Pénélope qui nous dira le contraire. 


Bridgerton saison 3 - Pénélope dans une robe verte descend les escaliers

Alors quelle meilleure occasion de fêter sa renaissance qu’un bal mondain? Et chers lecteurs, je peux vous affirmer une chose: Pénélope Featherington est une femme qui sait faire ses entrées. La tête haute et le regard fier, elle s’avance parmi la foule dans une robe verte, bien plus foncée que ses couleurs habituelles. A y regarder de plus près, vous pourrez même déceler des nuances de cuivre et de vert irisé dans les couches de tissus. Et au vu des regards appréciateurs de ces messieurs lors de cette soirée, l'on peut assurer que l’effet est plus qu’escompté. Serait-ce l’étincelle de l’intérêt - et oserais-je le dire, du désir - que j’aperçois dans les yeux du jeune Colin Bridgerton ?


Bridgerton saison 3 - Pénélope et Francesca parlent

Pour marquer davantage les esprits, elle opte pour un design aux inspirations françaises, de la dernière mode au sein de la capitale. Une nouvelle preuve du sens aiguisé de la mode détenu par la jeune femme puisque cette silhouette n'apparaîtra que plus tard, vers les années 1820. Un choix que votre chroniqueuse ne peut qu'applaudir, faisant de Miss Pénélope une femme à la pointe de la tendance et même en avance sur son temps. Une transformation symbolique, qui a d’autant plus de poids qu’il s’agit d’une robe qu’elle a choisie. Non pour sa mère, non pour les autres. Seulement pour elle-même. Un premier pas sur le chemin de l'assurance, à mesure que Miss Pénélope trouve davantage son propre style. 


De l’audace, de la confiance en soi et un goût impeccable pour la mode, voilà qui ne peut que me ravir, n'en déplaise aux mauvaises langues. Je vous le dis chers lecteurs, il n'y rien de plus satisfaisant que de voir une femme prendre ses propres décisions et de choisir pleinement qui elle veut être. Peut-être cette nouvelle liberté a-t-elle à voir avec la résignation de sa mère, résolue au célibat de sa troisième fille mais se consolant qu'une bonne âme pourra s’occuper d'elle en ses vieux jours. À cela, j'enverrais ma plus profonde compassion à Miss Pénélope tant la seule idée d'une vie passée aux côtés de Portia Featherington me fait frémir. 


Finies les robes mal coupées et les couleurs agrumes. Le jaune, couleur de la joie mais aussi de la tromperie (et les fans de la série auront sans doute idée à quoi je fais référence), fait place au vert et au bleu, sous les doigts délicats de John Glaser. Lequel avait déjà participé à la série, en collaboration avec Ellen Mirojnick, costumière de la première saison. 


C’est de cet esprit créatif que sont nés robes et autres costumes de la troisème saison, dont le design n’est pas sans rappeler celui des jardins en fleurs, principale source d'inspiration. “Dans un jardin fleuri [...] il y a beaucoup d'ombres, il y a des reflets et il y a des variations dans toutes les couleurs.". De la même manière que les fleurs s'épanouissent sous l'attention et la lumière, Pénélope se parre de doux tons de bleus, verts et roses tendres. Lui permettant de s’intégrer davantage à la jeune noblesse, telle qu'Eloïse et Cressida, sans pour autant se laisser éclipser par ses toilettes. Pénélope Featherington ne sera plus jamais soumise à la mode, elle en est désormais la maîtresse. 



S'appropriant la délicatesse de la nature, Glaser compose une garde-robe toute en subtilité pour notre chère Pénélope. Et les costumes, miroirs de leurs personnages, reflètent leur évolution personnelle tout en s’adaptant au cadre de la série. “ Cette fois-ci, on a opté pour un univers plus doux afin de coller davantage à l'histoire. Les costumes sont plus texturés, plus subtils, mais surtout plus nuancés. Par exemple, on a superposé des tissus de couleurs chaudes et froides sur des robes de sorte à ce que l'on ne soit pas tout à fait sûr de leur teinte exacte. ” Devant ces jeux de couleurs et de textures, les sens s’émerveillent et les réalités se confondent. Les costumes deviennent objets de supposition dont il faut percer le mystère. Chaque regard décèle un nouveau détail, un nouveau reflet, une nuance inconnue qui ajoute un peu plus à l’histoire derrière robes et tissus. Les épisodes s’enchaînent et avec eux, nous suivons le parcours d’une femme qui se découvre plus confiante, plus audacieuse. Manches, foulards et gants attisent les braises du désir par leur transparence. La peau se dévoile, appelant à la plus délicieuse des sensualités. 



Et si la transparence se suffit à elle-même d’un point de vue esthétique, notons l’ingéniosité de Glaser et de ses collaborateurs pour faire correspondre réalité et fiction. Saviez-vous qu'à l'époque de la Régence, le pays s’est vu souffrir d'une affreuse pénurie de soie en provenance de Paris ? Loin de se laisser abattre, l'esprit féminin a encore montré toute l'étendue de son adresse. En mouillant le lin dont était composé leurs robes, le tissu prenait alors un aspect soyeux, s'accrochant aux courbes et sublimant les silhouettes. Fort heureusement, point d’arrossage pour les acteurs, l’équipe ayant préféré superposer des couches de tissu transparent, donnant ainsi cette impression de douceur et de luminosité aux vêtements. Cette approche, ludique et moderne, est sans nul doute ce qui a conduit à une si grande influence sur les tendances du moment. Chaque nouvelle saison de La Chronique des Bridgerton voit l’apparition de corsets, de motifs choisis et autres détails se référant à la Régence anglaise.


Tout historien digne de ce nom s'accordera à souligner l'inexactitude historique des costumes, et ce avec une bonne dose d'incrédulité. Depuis le début de la série, l’influence du passé et du futur, d'un mélange de décennies, voire même de siècles, a joué un grand rôle dans la création des vêtements. Se basant sur les silhouettes d'époque, pour ensuite flouter les conventions sociales avec des couleurs vives, des tissus plus contemporains, des embellissements originaux et des superpositions innovantes. D’un point de vue historique, le style de Pénélope dans la saison trois oscille entre les années 1820 et 1950. Et puisqu'une image vaut mieux que mille mots, voici pour vous quelques oeuvres de l'illustre Rudolph Ackermann, un homme qui peut se targuer d'avoir gouverné les tendances londonniennes du début 19ème. Connu sous le nom interminable du Référentiel des arts, de la littérature, du commerce, des manufactures, de la mode et de la politique (de 1809 à 1828), son magazine en format mensuel est devenu une référence pour l'élite londonienne. Comprenant articles, nouvelles sociales et littéraires et illustrations de mode ainsi que des échantillons de tissu et de motifs - chaque édition était attendu avec la plus grande impatience, dictant les nouvelles modes pour ces dames.



Dans son processus de création, John Glaser révèle commencer par la réalisation d’un moodboard, composé de trois éléments : une référence historique, une référence de mode des années 1950 à nos jours et, enfin une œuvre d'art. Peu importe l’auteur, depuis un maître ancien jusqu'à Andy Warhol, l’essentiel reste l’inspiration qui s'en dégage. Pour Pénélope, ce fut le faste des années 1950 et de ses

actrices glamour telles Marilyn Monroe ou Rita Hayworth. Des femmes magnétiques, aux allures de sirène enchanteresses, étendant leur charme par delà les frontières. Où le style devient minimal et discret, brillant de volupté tout en laissant le soin au caractère de sa dame de captiver la foule. J'oserai dire qu'une telle description correspond en tout point à notre chère Miss Featherington


Pour votre dévouée chroniqueuse, la joie est toujours immense de voir un personnage qui lui est cher vivre une aussi bienheureuse évolution. Et c'est d'autant plus vrai pour Pénélope Featherington. D’une enfant à la saison une, nous la voyons faire ses premiers dans la saison deux pas pour devenir une femme. Elle essaie, se cherche avec de nouvelles coiffures et de nouvelles robes. Certaines fonctionnent, d’autres moins mais Pénélope n'abandonne jamais. Elle avance à tâtons, entre ce qu’on attend d’elle et la femme qu’elle veut devenir.


La saison trois est une renaissance. Telle un papillon qui déploie ses ailes, voilà une jeune femme sûre d’elle prête à entrer dans le monde selon ses propres conditions. Avec beaucoup plus de sensualité que la respectable Daphné, ou la déterminée Kate, Pénélope est en bonne voie pour devenir le véritable joyau de cette saison.


Et à en juger l’attitude d’un certain Colin Bridgerton ces derniers temps, votre fidèle chroniqueuse n'est pas la seule à l'avoir compris. 


Très chers lecteurs, voilà une affaire à suivre de près…


コメント


bottom of page